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24, Sahi Walo Ki Gali

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3 septembre 2012

Nirjala Ekadashi et les cerfs volants d' Udaipur.

   En Inde la fête du vent se déroule tous les ans le 14 janvier à l’occasion du Festival Makar Sankranti (aussi appelé Uttarayan). Des milliers de cerfs volants, tel un arc en ciel, prennent place sur la toile bleue. Les jeunes indiens se réunissent sur les toits et le jeu est de réussir à faire chuter les cerfs volants des adversaires. Souvent les enfants récupèrent les cerfs volants malchanceux tombés et leurs redonnent une nouvelle chance de voler… Cette fête est la seule fête Hindou réglée par le calendrier solaire (les autres étant réglées par le calendrier lunaire). Elle célèbre le changement de saison, la fin de l’hiver, le passage du soleil dans l’hémisphère nord. Le Soleil, symbole de connaissance et de lumière spirituelle, inverse sa course. Il remonte vers le Nord, du tropique du cancer au tropique du capricorne, en hindi tropique du crocodile (makar). L’année est coupée en deux. Pendant une partie le soleil va vers le Sud, c’est alors une nuit des Dieux, tandis que pendant l’autre partie de l’année celle où il va vers le Nord c’est une journée des Dieux. Makar Sankranti inaugure la moitié lumineuse de l’année. Sankranti désigne « passage d’un signe du zodiaque à l’autre ». Les douze « sankranti » sont des jours auspicieux, suggérant un nouveau commencement.

    Mais alors pourquoi à Udaipur les cerfs volants volent-ils uniquement au mois de Juin ? Et pourquoi en l’honneur du Nirjala Ekadashi ? C’est cette histoire, cette tradition qui diffère de la Tradition et qui est propre à ma ville dont je veux vous parler. Tout d’abord il faut savoir ce qu’est le Nirjala Ekadashi. Si l’on décompose le mot Nirjala, nir-jal signifie « sans eau » et Ekadasi ek-dashi signifie « le onzième jour du mois » . Le Nirjala Ekadashi est l’un des 24 jeûnes Ekadashi que les hindous doivent observer en un an. Il tombe pendant la Paksha Jyeshta Shukla – phase croissante de la lune dans le mois de Jyestha qui vient en juin selon le calendrier romain. C’est l’un des jours les plus sacrés et importants de la religion hindoue, le jeûne est dédier au Seigneur Vishnu, c’est l’un des plus durs jours de jeûne dans l’hindouisme car comme l’indique son nom Nirjala, le dévot ne doit ni boire ni manger jusqu’au prochain levé de soleil. De plus le mois de juin en Inde est un mois d’été où les températures peuvent atteindre facilement 45°C.

  Pour comprendre d’où vient la grandeur et la popularité du Nirjala Ekadashi, il faut ouvrir le livre sacré du Mahâbhârata et remonter le temps…  

   Le roi Pându était passionné de chasse, alors qu’il arpentait la forêt avec l’espoir de ramener du gibiers, il tomba sur un daim entrain de s’accoupler. L’opportunité était trop belle, sans hésiter il tira sur l’animal avant même que celui-ci eu finit sa besogne. C’est alors que l’animal agonisant se transforma en un vieil ermite. L’ascète avait prit cette forme pour procréer. Avant de mourir, il le maudît :

- Oh Seigneur Pându, n’as tu donc aucun respect pour la création ! Ne pouvais tu pas attendre que je donne la vie avant de me prendre la mienne… je te le dis mon roi , cet empressement te vaudra ta descendance, tu ne pourras pas te reproduire sous peine de perde la vie et d’entrainer la femme sur le bucher avec toi…

    Pându avait deux femmes, Kunti et Madri. Sentant le poid de la malédiction, il décida de renoncer au trône et emmena ses deux femmes avec lui. Ils trouvèrent refuge dans la forêt, implorant les dieux de lui donner des enfants, il croisa des ermites qui lui prédire une descendance. Cela lui redonna confiance, et après mûre réflexion il alla trouver Kunti : - ma chère reine, j’ai bien réfléchi, vous m’avez toujours honoré, et c’est avec le plus grand respect que je viens vous demander d’aller trouver un autre que moi, pour que la vie naisse au creux de votre ventre et que je puisse devenir père. -Mais enfin mon roi, vous ni pensez pas ! -Hélas, je n’ai guère le choix, et puis vous les femmes, il y a bien longtemps, vous étiez libre de prendre du plaisir comme bon vous semblait ! le temps d’une nuit redevenez une femme libre, c’est votre roi qui vous le demande ! La reine Kunti, se rappela soudain de la faveur que lui avait accordé Durvâsas il y a longtemps déja. Il lui avait transmit un puissant mantra qui lui permettait d’invoquer les dieux et dans obtenir des enfants.   Elle en fit tout de suite part à Pându, celui-ci se ravit d’avoir pour descendance des demi-dieux.  C’est ainsi que naît Yudhisthira fils de Dharma, dieu de la vertu. Kunti invoqua ensuite Vâyu, dieu du vent dont elle enfantera Bhima. Et comme Pându était toujours avide d’enfants, elle mettra au monde Arjuna fils d’Indra, dieu de la pluie. Mais le roi n’était toujours pas comblé, il en voulait plus, il supplia Kunti mais celle-ci refusa de mettre au monde un autre enfant. Pându se tourna alors vers Mâdri et lui demanda de convaincre Kunti , mais elle échoua en vain, Mâdri tomba donc enceinte des Ashevin, et mis au monde des jumeaux Nakula et Sahadeva.

  Au cours du printemps suivant, le Roi ne vivait plus qu’avec Mâdri, Kunti ayant trouvée une autre demeure pour élever ses enfants. Mâdri était une très belle femme, et le temps passant il commençait à douter de la malédiction…Malgré les abjurations de sa femme, il n’arriva pas à résister à la tentation et mourut, sa femme, après avoir confié ses enfants à Kunti, comme le voulait la tradition le suivit sur le bûcher funéraire, ils brûlèrent dans les flammes…

C’est ainsi que Kunti se retrouva à élever cinq fils surnommés les Pandavas , Elle les éduquait dans la religion et les invitaient à suivre les Ekadashis, mais Bhima le deuxieme fils de Kunti, fils de Vâyu (le vent) n’arrivait pas à contrôler sa faim, il alla trouver son grand-père, le saint homme Shirla Vyas, et lui demanda :

- Oh grand père, grandement intelligent et pleins de savoir, mon frère Yudhisthira , ma mère Kunti, ma femme Draupadi, ainsi que mes frères Arjuna, Nahakula et Sahadeva jeûnent à chaque Ekadashi selon des règles strictes de ces jours sacrés. Etant très religieux, ils disent toujours que je devrais ainsi jeûner, Oh mais mon saint grand père, je leur dis que je ne peux pas vivre sans manger, étant le fils de Vayudeva , la faim m’est insupportable. Je peux donner largement dans la charité et dans le culte avec toutes sortes de merveilleux présents mais je n’arrive pas à jeûner pour les Ekadashis, que puis que faire pour obtenir les même mérites et faveurs spirituelles sans le jeûne ?

   Sur ce le grand saint Shirla Vyas Ji demanda à son petit fils de jeûner uniquement l’Ekadashi qui tombe pendant la quinzaine de lumière du mois de Jyestha (mai-juin). Il lui apprit que ce Ekadashi était très puissant car en ce jour le soleil se déplace dans le signe du taureau (Vrishabh) et gémeaux. Si l’on observe un jeûne stricte à ce jour, sans même boire de l’eau, il équivaut à la somme des 24 jeûnes Ekadashi de l’année…

    A partir de ce jour, Bhima jeûna une fois par an pour le Nirjala Ekadashi et obtint les mêmes faveurs spirituelles que ses frères…

   Ainsi nous connaissons donc l’origine du Nirjala Ekadashi mais toujours pas pourquoi à Udaipur ce jour est célébré avec des cerfs volants… le mystère reste entier !!!

   Mais dans les ruelles d’Udaipur prêt du Palais, les anciens racontent encore qu’il fut un temps, du temps des Maharajas, il n’était pas autorisé de faire voler des cerfs-volants dans la ville, ce qui peut expliquer qu’aujourd’hui Udaipur est la seule ville du Rajasthan qui ne célèbre pas Makar Sankranti avec des cerfs-volants. Seul le Maharaja et sa famille s’autorisait ce plaisir le jour du Nirjala Ekadashi, peut être parce Bhima est le fils du Dieu Vayu , dieu du vent et parce que le mois de juin est le mois qui précède la saison de la mousson, et donc le temps est plus propice au vol de cerf volant… Plus tard quand le peuple a été autorisé à faire voler leurs cerfs-volants ils ont gardé avec respect la tradition de leurs Maharajas… 

Depuis c’est toujours avec joies et bonheurs que les Udaipuris colorent le ciel de milliers de cerfs volants, pour Lord Vishnu, Bhima et le Nirjala Ekadashi !

Le ciel est sans limite pour ceux qui souhaitent réaliser quelque chose…

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3 septembre 2012

24, Sahi Wala Ki Gali ou l'âme de la maison bleue.

    L’endroit où j’habite n’a rien de comparable. Au coeur de la vieille ville, dans un quartier paisible, ma demeure ne manque ni de charme ni de caractère, c’est une maison originale marquée d’histoires.

    Bordant les murailles du palais du Maharaja, elle a été construite au milieu d’une pente et fait l’angle de deux rues, ce qui lui donne une forme géométrique peu descriptible. Une partie se dresse sur trois étages alors que l’autre partie n’est qu’un rez de chaussé dont le toit est une terrasse. Elle a des cotés arrondis et d’autres droits, de petits escaliers étroits en colimaçon qui relient tous les étages de la maison, des placards profonds et de petites fenêtres sculptées ventilatoires qui rappellent son anciennetée.

    Notre vieille Haveli est une grande maison composée de petites pièces. Appartenant à un autre temps, l’intérieur ne bénéficie pas de la douillette modernité, son confort est plutôt modeste et nous apprend l’humilité, mais il suffit d’ouvrir les yeux et d’écouter son coeur pour découvrir quelques secrets cachés dans un recoin, pour trouver ses trésors perdus ou pour l’entendre chuchoter ses histoires passées.

    Ma maison a une âme, une âme bleue… et quand vient la nuit, éclairé par les minarets du palais et par les reflets des astres, du haut de notre toit-terrasse nous contemplons le panorama d’une ville endormie en sachant qu’il n’a pas meilleur endroit qu’ici, pour rêver, vivre et mourir…

3 septembre 2012

Présentation

24, Sahi Wala Ki Gali,

C'est l'endroit où je vis, là où mon âme trouve toute son essence et son inspiration.

Il était donc évidant que j’intitule mon blog de cette façon.

Telle une Shéhérazade, je m’en vais vous conter des histoires ; contes, fables, légendes, récits, anecdotes…sorties tout droit de mon imagination et souvent inspirées de la culture indienne, voir même provenant directement des pratiques et traditions hindoues . Il peut aussi s’agir de vérités et de réalités, à vous de démêler la fiction du réel…ou peut être pas…

Car l’essentiel est authentique. Je vous laisse voguer dans l’intimité de mon esprit, dans les flues de ma pensée, dans les couleurs de mon âme. Un mélange de folie et de sagesse, de fantaisies et de croyances , de vies et de destins.

  Bienvenu dans mon monde parfumé d’orient, bienvenu chez moi en Inde !

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24, Sahi Walo Ki Gali
  • Une goutte d'eau de mer ne peut prétendre venir d'un fleuve, une autre goutte d'un autre fleuve, la mer est le seul ensemble homogène. De même, tous les être sont un; il n'est pas un être qui ne vienne pas de l'âme et n'appartienne à l'âme. Chand.Upanishad
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